Vendredi 29 juillet 2022, je suis bien arrivée à Mayotte !
L’air chaud contraste avec la climatisation de l’avion. J’enlève mon sweat et présente ma carte d’identité à la sécurité. Je récupère ma valise. Et me voilà enfin sur l’île, prête à y passer 18 jours de vacances.
À la sortie de l’aéroport, je sens tout de suite les colliers de fleurs. Ces superbes colliers destinés aux familles et amis attendus sur l’île. L’aéroport est couvert mais ouvert sur les côtés tel un préau. Je longe rapidement les barrières destinées à délimiter le passage ainsi qu’une petite terrasse de bar en plastique. Et puis d’un coup, ça sent le poulet grillé. Je ferme les yeux et revis mes premiers instants à Tahiti. L’aéroport ouvert, les oiseaux qui y volent, l’odeur des fleurs mélangée à celle de la grillade, les mahorais qui attendent assis sur des chaises en plastique. Ils sont peut-être « fiu » eux aussi d’attendre ainsi que le temps passe. Je souris dans ma tête de les voir ainsi et rejoins le trottoir. Ça va être différent de Tahiti et pourtant je sens un réel lien entre ces deux voyages. Cela fait bien longtemps que je ne suis pas partie seule et j’ai parcouru beaucoup de chemin depuis mon retour chaotique de Polynésie. Rejoindre Manon ici représente une étape importante, cela me semble évident. Ce n’est pas comme retourner à Tahiti clôturer mon histoire, c’est plutôt en entamer une nouvelle. Je reprends du mouvement. Je voyage à nouveau seule, j’entame un nouveau chapitre. Manon m’a vue partir de Tahiti, elle me voit arriver ici deux ans plus tard. Et beaucoup de choses se sont passées entre temps.
Sur le trottoir, je suis tout de suite hélée par les taxis pour aller à la barge, ce bateau qui fait passer de Petite Terre à Grande Terre. Manon m’avait expliqué. 1,60€ la course, j’avais prévu de la monnaie. A l’embarcadère, j’assiste au débarquement de la barge, aux achats de fruits et légumes sur le ponton, au rabattage des taxis. J’observe ces mahoraises qui ont le visage recouvert d’une sorte d’argile blanche, très certainement un rituel de beauté. Je me dis qu’il faudra que je demande à Manon l’explication.
Sur le bateau, on ne paye pas. Le paiement ne se fait que dans le trajet inverse, entre Grande Terre et Petite Terre. L’idée étant que si nous passons sur la grande île, nous reviendrons forcément, l’aéroport se trouvant sur Petite Terre !Manon m’a donné rendez-vous dans un bar juste à côté des pontons pour bateaux de plaisance. « Tu verras y’a deux bars, le camion rouge et plus loin le camion blanc ». Lesdits bars sont en réalité des sortes de containers ouverts sur le côté avec une terrasse composée de tables et chaises pour la moitié en bois, pour l’autre en plastique. Le tout abrité par un chapiteau et accompagné d’une cabine de toilettes de chantier. Et que demander d’autre ? Il y a de la bière, des samoussas et des bouchons au menu et un peu de musique. Il n’en faut pas plus. Je suis sincèrement heureuse d’être là ! La simplicité de la vie africaine ou de la vie tahitienne m’avait manqué.

Mon corps est fatigué. La courte nuit, le train au milieu de la colonie de vacances, le métro, le bus, le premier vol de 11 heures, le transit à Saint Denis, le second vol de 2 heures, le taxi, le bateau. Je sens que je tangue. Je ressens encore toutes les vibrations emmagasinées ces dernières 28 heures de voyage. Mes oreilles sont agressées, j’ai porté des bouchons pour m’isoler du bruit durant la quasi totalité des trajets. Je me sens d’un coup ivre de bruit. Ma nuque est raide, dormir assise, ça n’aide pas. Et mon ventre se noue. Sandwich, chips, repas d’avion avec riz, pain blanc, sandwich au pain de mie… Prions pour que l’huile essentielle de menthe poivrée soit suffisante. J’aimerais éviter que la prochaine crise d’endométriose ne soit trop importante. Je me conforte en pensant à la pomme avalée le matin même et bois beaucoup d’eau. Il ne s’agit que de 24 heures de nourriture non adaptée, ça ne peut pas être si catastrophique que ça. J’y pense rapidement et puis mon esprit dérive ailleurs. Je pense à ce que représente ce voyage pour moi. À cette année de difficultés, ou plutôt ces deux années de difficultés. Depuis mon retour de Tahiti, je réapprends à nager. J’essaie de retrouver ma place, de nouer de nouveaux liens avec mon entourage, de réconforter mon amour propre ébranlé lors de ma rupture. J’ai tenté de retrouver l’amour d’un autre homme pour finalement comprendre que celui qu’il proposait de me procurer ne me suffisait pas. J’ai fini par ne désirer prendre soin que de moi. M’apporter moi-même l’amour que je désire et mérite. Je me suis investie dans un nouveau travail pour finalement me demander combien de temps j’y resterai avant d’avoir de nouveau la bougeotte. J’ai pensé à tout ça en attendant Manon et puis quand elle est arrivée et qu’elle m’a prise dans ses bras, je me suis effondrée en pleurs. C’est rien mon chou, c’est juste un trop plein d’émotions et de fatigue. Je suis super heureuse d’être là et j’en avais vraiment besoin !
Lundi 1er août 2022, mon troisième jour sur l’île.
Je m’y sens bien. Malgré les nuits pas spécialement au top et les réveils matinaux au son des coqs. Malgré les douleurs qui pointent souvent le bout du nez. Malgré l’insécurité dont tout le monde parle. Je me sens apaisée. J’ai dormi 10 heures d’un seul trait vendredi soir et depuis, j’ai mis mon cerveau sur pause. Je ne réfléchis à rien. Si j’ai mal je prends un cachet, si je n’arrive plus à dormir je me lève, si on me propose une sortie je l’accepte, si on veut manger au resto je ne pense pas à mon ventre, si on a du retard je patiente sans râler. Je suis là pour dix-huit jours de relâche ! Je me laisse aller et ça fait sincèrement du bien.

Samedi je me suis baladée avec Manon. Nous sommes allées jusqu’à la cascade de Soulou. Elle m’a raconté sa vie ici et nous avons beaucoup parlé de Tahiti. De la vie que nous avions là-bas. Cette vie qui nous faisait râler et que désormais nous serions heureuses de retrouver. C’était simple. La vie était chère mais c’était simple et extrêmement paisible. Manon m’a expliqué comment elle vivait ici et surtout quel travail elle y effectuait. Ce qu’elle voyait en tant qu’assistante sociale accompagnant les mineurs isolés. Elle m’a parlé des migrants, de ces clandestins pour la plupart comoriens, malgaches ou africains. Mayotte est une porte d’entrée en France pour toutes ces personnes en quête de vie meilleure. Elle m’a raconté ce qu’elle avait appris, les arrivées en Kwassas, parfois forcées par les parents, les enfants jetés à l’eau pour que les gendarmes côtiers sauvent leurs vies. Elle m’a raconté les vies fracturées connues jusqu’alors, la pauvreté, la faim, les abandons, les viols, les passages à tabacs, la drogue, la vie dans les bangas… Elle m’a expliqué les parents qui disparaissent, les enfants hébergés chez une tante ou une voisine, les demandes de reconnaissance d’enfants faites au premier venu capable de fournir des papiers français. Elle m’a présenté à sa voisine sans papier qui vit avec deux de ses enfants dans une seule pièce en dessous de chez elle. Sa voisine qui attend l’arrivée de ces autres enfants et qui ne sort presque pas de peur d’être arrêtée et renvoyée aux Comores. Sa voisine qui a demandé au coloc de reconnaître son nouveau-né. Elle m’a reprécisé le non droit du sol. Un enfant qui naît à Mayotte de parents comoriens reste comorien. Il n’est pas Mahorais, pas français. Il ne mettra peut-être jamais les pieds aux Comores mais c’est comme ça, il n’a pas le droit du sol. On s’est questionné sur l’impossible quête d’identité que tous ces enfants peuvent connaître. Comment se construire personnellement et trouver l’apaisement en vivant de tels traumatismes ? Manon m’a parue émotionnellement forte, j’ai senti sa détermination à avancer à travers tout cela. A ne pas se laisser abattre par la tristesse et le sentiment d’impuissance…
Depuis que je suis arrivée, de nombreuses discussions tournent autour de l’insécurité. Les agressions et rackets par des jeunes armés de machette sont ici très fréquents. En période de vacances scolaires, les gendarmes sécurisent tous les weekend un bon nombre de points de randonnée et de plages sur toute l’île. En semaine, il est conseillé d’être en groupe pour se balader. Nous organisons donc notre planning en grande partie en fonction de cela afin de limiter les risques. Hier nous avons visité Petite Terre à quatre avec sa collègue Anaïs et son coloc Lucas. Ils avaient emmené leur chien. Les mahorais ont peur des chiens. On a fait deux fois le tour du lac Dziani, une fois par le chemin du bas qui traverse la forêt de bananiers et de cocotiers, une fois par le chemin du haut d’où on aperçoit également le lagon. C’était très beau ! Ce lac complètement vert à cause de la présence d’une algue, la forêt tropicale, les dégradés de bleu du lagon. On n’a pas regretté d’avoir fait les deux tours. On a enchaîné avec un très bon resto thaïlandais, le Mékong, et un passage à la plage de Moya. On s’est baigné, on a lu, on s’est posé et puis on a attendu une émergence de tortues qui n’est pas venue. Manon était triste pour moi, moi je me disais que j’avais encore bien le temps d’en voir. Si j’ai un bon mana comme on dit à Tahiti, alors j’en verrai !
Aujourd’hui Manon travaillait. En prévision de cela, Anaïs avait organisé hier pour moi le fait que je me joigne à un groupe d’amis en vacances ici. Elle connaissait celui qui les accueillait sur l’île et qui leur avait fait tout un programme de découverte. Alors avec Lucas, prof de sport en vacances, on s’est ajoutés au groupe. Que ce soit Manon, Anaïs, Lucas ou encore Marco qui organise les vacances de ces amis, tout le monde est très bienveillant. Tous cherchent à me faire passer de super vacances. Et ces petites attentions me font chaud au cœur ! Je retrouve l’ambiance des îles. Cette simplicité des rapports sociaux. Ces liens qu’on crée très rapidement alors même qu’on ne se verra peut-être que quelques jours dans notre vie.
Avec Marco et son groupe, on a randonné le long des crêtes de Saziley. Enfin on s’est baladé, vu le peu de dénivelé présent sur l’île… On a fait le chemin aller par les crêtes et le chemin retour par les plages. C’était superbe. Les crêtes surplombent un bras de terre entouré autant à l’est qu’à l’ouest par le lagon. On a pu visualiser le tombant, les différents îlots au large, la barrière de corail au loin. Le lagon de Mayotte est le plus grand de l’océan indien. Et puis sur la première plage on a croisé un couple de réunionnais qui venait de se faire racketté par trois jeunes, une dizaine de minutes plus tôt. Ça a stressé un peu le groupe. Les garçons ont discuté quelques temps. On était quand même sept au total. Ils ont essayé de relativiser. Et moi, je ne sais pas pourquoi, je n’ai pas du tout été affectée par cette histoire. Je me suis baignée, j’ai nagé avec des tortues, j’ai admiré les énormes baobabs, j’ai observé les traces laissées par les tortues venues pondre durant la nuit, j’ai espéré voir une émergence, j’ai ramassé des cauris pour en faire des bracelets. J’avais bien autre chose à faire que de stresser. C’était surement inconscient, mais je m’en suis remise au groupe question sécurité et j’ai profité à fond de ce que je vivais.
Alors oui, malgré le mal de nuque qui ne me quitte pas depuis l’avion, malgré le matelas trop mou, malgré le ventre qui n’est pas d’accord avec ce que je mange, malgré les douleurs neuro dans la jambe, malgré la crainte du racket, malgré la pauvreté et le contexte social de l’île, je réussis à poser mon cerveau et à profiter. Je m’adapte à l’organisation que l’on met en place pour moi. Je me laisse porter. Et le mana semble être avec moi !

Mercredi 03 août 2022, je suis allée voir le coucher de soleil au bout du village de Tsingoni.

Manon n’était pas encore rentrée de ces visites à domicile. J’ai aperçu l’île d’Anjouan, premières îles des Comores. J’ai pensé aux immigrés et aux kwassas. J’ai contemplé l’océan et j’ai écouté le bruit du vent dans les feuilles de cocotiers. Ce chant qui me rappelle Tahiti. Je me suis une nouvelle fois promis de réussir à vivre proche de l’océan. L’océan et le soleil qui se couche chaque soir, voilà ce qu’il me faut. Le voilà mon objectif de vie. Il n’est pas si compliqué au final !
Je me suis demandé quel océan je voulais voir devant moi chaque jour. S’il fallait que je reparte à Tahiti, que je teste une autre île, que je reste dans les landes. Et puis à essayer de penser à tout ça, à ce que je voulais faire, à ma maladie, à mon futur, après cette journée de douleur, face à ce coucher de soleil, j’ai un peu pleuré. C’était libérateur. J’ai lâché un peu plus prise. J’ai été fière de moi d’être là aujourd’hui. Et je me suis dit qu’il restait encore beaucoup de chemin.
Cette soirée contrastait beaucoup avec celle de la veille. Après avoir nagé avec des tortues et nourri des makis sur la plage de N’Gouja, on a tous fait l’ascension du Mont Choungui à l’heure du sunset. Avec un petite bière au sommet et un retour de nuit éclairé à la lampe frontale, l’ambiance était bien plus animée. Mais c’est aussi pour cela que j’aime voyager seule, pour apprécier les moments de groupe comme les moments pour moi.
Mardi 09 août 2022, je dors neuf à dix heures par nuit, comme un bébé.
Depuis mercredi, la crise de douleur ne passe pas. Elle n’est pas très forte, mais je suis réveillée tous les matins par des douleurs de ventre, j’ai des tiraillements de ligaments utérosacrés toute la journée, j’ai le ventre gonflé, le transit plus que ralenti et j’ai quelques douleurs dans la jambe et l’épaule gauches. Ça ne m’empêche pas de vivre mes vacances, mais ça affecte forcément mon énergie. Alors je prends le temps. Comme il fait nuit à 18 heures, on se couche tôt. Je dors en moyenne de 22 heures à 7 ou 8 heures et puis je traîne au lit jusqu’à 9 heures. Je fais un peu de yoga, prends mon petit déjeuner, me prépare et attaque enfin la journée.
Mercredi, on est sorti ! Manon avait autant que moi, si ce n’est bien plus, besoin de décompresser. Alors on a rejoint le groupe au Barakili et puis on est tous allés au Zen Eat. On a dansé, on s’est défoulé et ça a fait du bien ! Le temps est passé vite. On est rentré vers 5 heures. J’aurais testé les soirées mahoraises !
Jeudi, je suis retournée sur Petite Terre et cette fois ci, j’ai vu une émergence de tortues ! Une centaine de bébés courant à toute allure pour rejoindre l’océan. C’était incroyable ! Ça nous a tous émus je crois. L’ambiance était simple et sereine. Je passais des moments avec ce groupe depuis seulement quatre jours et je m’y sentais à l’aise. Alors quand on a amené Marco à l’aéroport pour son retour en métropole, quand on s’est assis pour boire une bière sur cette fameuse terrasse en plastique de l’aéroport, j’ai tenté de leur dire. Je les ai remerciés de m’avoir accepté aussi facilement. Et ils m’ont tous répondu que c’était normal, qu’eux même ne se connaissaient que depuis quelques mois, que c’était ça les rencontres de voyages. Entre eux et les tortues, j’ai mis beaucoup d’amour dans mon cœur ce soir-là !
Vendredi, la fatigue de la soirée au Zen Eat était retombée. Il faut dire que la veille on avait tous dormi 2 ou 3 heures alors on était tous dans un état second. Mais après une vraie nuit, la réalité de mes douleurs est revenue. J’étais d’un coup beaucoup plus fermée. On a été à la plage de Sakouli où après avoir nagé un long moment jusqu’au tombant, j’ai tenté une sieste sans succès. Ensuite on a filé au restaurant le Quartz à Mamoudzou. Le groupe repartait le lendemain matin à La Réunion alors c’était l’occasion pour se dire au revoir. J’ai senti que ce jour-là, je n’y étais pas. J’ai beau déculpabiliser par rapport à la maladie, quand cela affecte mes relations aux autres, je m’en veux toujours un peu. On est rentré dormir après les au revoir et je n’étais pas à l’aise avec la journée que je venais de passer. Ça m’a mis un petit coup au moral.
Samedi Manon ne travaillait pas alors on a passé la journée toutes les deux. On est allé au marché de Coconi le matin et à la plage de Taranaki l’après-midi. On a beaucoup parlé. Toute l’après-midi et puis toute la soirée au Coco Lodge. à Mtsamboro On a admiré le sunset et bu de la Hinano comme à Tahiti. Il ne nous fallait rien de plus !
Dimanche Manon avait plongée, j’ai fait une balade de deux heures sur les crêtes de Bandrélé, suivie d’un resto sur la plage avec Anaïs et Lucas. Ocean Bambo, où j’ai mangé du poisson cru ! Et le soir on a retrouvé Étienne à la maison, le coloc qui rentrait de vacances.
Et hier, après un réveil très douloureux, j’ai pris la voiture pour aller à Mamoudzou faire le marché et les boutiques de souvenirs. Comema pour les tissus africains, la maison du livre pour des histoires mahoraises, et puis Zéna boutique pour les habits, les portes clés, les sacs à dos, les magnets, les bananes, les sacs à main,… J’ai acheté tous les cadeaux pour la famille. Je manquais d’énergie alors j’ai traîné, j’ai longtemps hésité. Je suis rentrée voir le coucher de soleil derrière la maison avec Manon et Étienne. J’ai bu trois bières, mangé de la papaye et de la coco, pris un cachet et j’ai dormi 10 heures comme un bébé.
Lundi 15 août 2022, mon dernier soir ici.
Je sens petit à petit une boule se former dans ma gorge. Les sanglots ne sont pas loin. Les au revoir avec Manon ont été rapides ce soir et cela me convient très bien. Je pense qu’un moment plus intense émotionnellement aurait été dur à supporter. J’aurais pleuré à coup sûr. Nous nous sommes simplement enlacées et promis de nous revoir bientôt quelque part dans le monde. Et je sais que nous y arriverons ! Demain Manon travaille, c’est donc son coloc qui m’emmène à la barge à Mamoudzou. Cet au revoir là sera plus léger à vivre pour moi.
Les derniers jours ont été physiquement difficiles, cela explique sûrement mon état fébrile. Je suis en pleine crise d’endométriose très forte depuis maintenant plusieurs jours. Mes ligaments utero sacrés me font un mal de chien en permanence, leur contraction lorsque je tousse réveille une douleur extrêmement vive et profonde. Et manque de bol, je suis tellement fatiguée que j’ai chopé la crève. Je tousse donc plusieurs fois par jour… J’ai également le ventre très gonflé. Mon épaule et ma jambe gauche me font souffrir à tour de rôle et la fatigue m’envahit chaque jour un peu plus. J’ai réussi à me reposer mercredi et vendredi mais les autres jours, je n’ai pas souhaité annuler le programme. La maladie n’aura pas raison de mes vacances. J’ai donc beaucoup forcé sur mon corps. Et rien que l’idée de faire 16h de voyage en avion avec transit de trois heures à La Réunion, ajoutées à quatre heures de train me tue d’avance. Il va me falloir plus de 24 heures avant d’être chez moi et de m’enfoncer sous la couette pour les 24 heures suivantes !
Je pense que le pire niveau endométriose aura été la sortie bateau de samedi.
Bon déjà, il faut dire que la Via Ferrata de Boueni mardi dernier a superbement bien lancé le pic de cette crise qui sommeillait depuis déjà une semaine. C’était un très bon moment et la vue était magnifique ! Mais les abdos et le ventre contractés pendant 30 min non stop, je pense que ça a été fatal. Ça ne s’est pas décontracté en fait. Mon ventre est resté bloqué en position de guerre. Complètement tendu, prêt à encaisser tous les chocs possibles. J’ai très mal dormi cette nuit-là. Et j’ai passé la journée de mercredi à me reposer. Je suis simplement allée à la plage en bas du village ce qui vu le chemin, était quand même un sacré effort sur une journée off !
Jeudi, j’avais toujours mal et j’étais toujours fatiguée mais j’avais réservé une journée découverte au Jardin d’Imany (plantations d’Ylang Ylang) alors j’ai pris mon corps en main et je m’y suis rendue. La journée s’est très bien passée, en compagnie d’Anwar qui a repris l’exploitation de son grand père. Mais cela n’a pas été de tout repos. J’ai donc enchaîné sur un vendredi grasse matinée et de nouveau la plage en bas du village.
Samedi, une sortie bateau nous attendait. On avait appelé une semaine à l’avance pour réserver. Petit mauvais coup du sort, le prestataire en question (Mayotte Découverte pour ne pas le nommer) avait mal noté notre réservation et nous n’étions pas sur les listes des bateaux. Il était 8 heures du mat’ et nous étions là, à regarder tous les bateaux partir en mer, sans qu’un seul d’entre eux n’ait de désistement permettant de nous embarquer. Retour au camion blanc pour prendre un petit déj, les mines triste et désœuvrées pour la journée. Et puis d’un coup, comme dirait Manon, une petite étoile est arrivée ! Ses collègues moniteurs de plongée partaient en mer eux aussi, entre amis, avec le bateau du Club ! C’était tout ce qu’il nous fallait. Les chocs des vagues sur la coque et les vibrations du bateau m’ont tuée, mais j’ai passé une très bonne journée ! On s’est rendu jusqu’à l’ilot Mtsamboro. Nous avons vu une maman baleine et son baleineau et un joli groupe de dauphins. On s’est arrêté faire du PMT (palmes, masque, tuba) plus au sud, voir des poissons, des raies, des tortues et des petites méduses qui piquent… On est allé jusqu’à la cascade de Soulou, on s’est enfoncé dans la mangrove, et tout ça était très beau !
Dimanche Manon a été mon guide de palanquée ! Nous avons fait deux plongées dans la journée. La première a été… je dirai difficile ! Après un an sans plongée et avec ma santé de fer, j’ai consommé tout mon air beaucoup trop rapidement et eu des crampes aux mollets. Manon s’est bien foutue de moi ! « Ça va toi sinon, t’es en pleine forme ! » Impeccable ! Mais à part cela, j’ai été très heureuse de retrouver ces sensations. Et puis moi tant qu’il y a des animaux je suis heureuse hein ! Des petites tortues, des énormes poissons perroquets, une murène, des raies, des rascasses, des balistes titans, un napoléon,… Et tout ces petits poissons qui vivent en bande sur les coraux, je les aime bien ceux-là aussi ! Un vrai monde de Nemo…
Et puis lundi, jour férié, météo instable, on a filé au resto Jimaweni ! Le menu est servi d’office : langouste et poisson grillés, riz, sauce poutou, manioc, papaye et autres fruits frais. Le tout arrosés de deux bières malgaches, on a très bien mangé ! Et nous voilà en fin d’après-midi, à contempler le coucher de soleil sur la plage appelée Tahiti Plage. Un joli clin d’œil à notre rencontre et un super lieu pour se promettre de se revoir !
Mayotte aura été mon premier voyage avec cette fichue maladie et en termes de gestion de celle-ci, je pense qu’il n’aura pas été exemplaire ! Après un an et demi d’errance médicale, j’ai eu besoin d’oublier. Alors même si j’ai essayé de faire attention à mon alimentation et de faire du yoga le matin. Même si j’avais apporté toute une pharmacie dédiée et prévu un long séjour me permettant aussi de me reposer, je crois que ce n’était pas assez. J’ai tout de même tiré sur la corde. Mais j’ai fait comme j’ai pu. Et c’est tout ce qu’il faut retenir. Il n’y a aucune leçon ni aucun conseil à donner, il faut juste se dire que lorsqu’on souffre d’une maladie chronique, on fait simplement comme on peut. Et c’est déjà beaucoup.
