Dimanche 29 mai 2022, et puis promis, je vais y arriver !
Ce midi, ma mère m’a demandé « Mais du coup c’est quoi l’endométriose ? ». Et j’avoue, sur le coup, j’ai été vexée. Cela fait deux semaines que le diagnostic a été posé, que j’en parle à ma famille pour les tenir au courant et elle me demande aujourd’hui ce que c’est… Ma belle-sœur m’a emprunté deux livres à la médiathèque, geste que j’ai énormément apprécié, et j’ai dévoré le premier en une soirée. C’est un livre illustré qui se lit facilement et qui explique très simplement et clairement ce qu’est cette maladie. J’en ai donc parlé à ma mère. Histoire de parler un peu de ce qu’il m’arrive quoi. Normal non ? Sa réponse m’a un peu refroidie. Après ça, par ma faute, la conversation n’a pas duré très longtemps. « Mais t’as pas regardé sur internet un peu ce que c’est du coup ? – Non j’avoue, je n’ai pas approfondi. – Ah ok, et bien tu liras ce livre. » Point final, je me lève toute vexée et rentre à l’intérieur, la laissant sur la terrasse avec ce livre en main.

Ce soir j’essaie de relativiser. Ma mère est émotionnellement débordée. Et c’est très humain. Je suis montée à Bordeaux tout ce weekend car mon frère a lui aussi des problèmes de santé. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais il y eu des phrases inquiétantes de la part de médecins manquant surement de tact (sans blague). Alors je suis montée pour les aider et être présente auprès d’eux. Lorsque mon frère nous a écrit cela il y a quelques jours, aussi brut que ce qu’on lui avait dit, j’ai pleuré. C’est monté d’un coup. Des sanglots de panique, ceux qui coupent le souffle un long moment. J’ai pleuré parce que je suis épuisée et affaiblie mais aussi parce que ça m’a fait peur. Ça nous a tous fait peur. Alors ce soir, je comprends que pour ma maman, cela fasse beaucoup d’un coup !
Sur le moment j’ai voulu être le plus présente possible, pour les aider avec le futur déménagement, les travaux, les enfants. J’ai pensé annuler mes vacances de cet été à Mayotte. J’ai pensé à eux, plus que tout. Et puis petit à petit, le moment de réaction à chaud s’est calmé et la raison a repris le dessus. S’il est à la maison, c’est que les médecins ont jugé que c’était possible. Très lentement, la réalité de ma santé à moi a également montré le bout de son nez. Et ma copine Lola m’a raisonnée. Pense à toi, tu as eu une année difficile, tu as absolument besoin de ces vacances. Ton frère a aussi des parents, des amis, un entourage. Tu es la petite sœur, fais ce que tu peux mais n’espère pas faire tout. Il y a du relais, tu dois penser à toi et arrêter de mettre les autres en priorité. La priorité c’est toi. Et c’est en allant mieux que tu les aideras mieux. Elle a raison, je le sais. Et c’est un discours que je pourrais tenir à certaines personnes de mon entourage. Seulement entre la théorie et la pratique il y a toujours une phase d’apprentissage à passer. Et c’est exactement là où j’en suis. Je me foire encore parce que je n’ai pas entièrement compris la leçon. Alors je vais essayer encore et encore, et puis promis, je vais y arriver !
Penser à moi doit devenir une priorité. Je me rends bien compte encore aujourd’hui que je vais devoir combattre cette maladie en majeure partie toute seule. Elle est trop invisible pour que tout mon entourage la comprenne. Elle dure depuis plus de deux ans sans qu’ils ne le sachent. Je ne peux donc pas leur demander d’être autant informés et alertés que moi sur la chose, surtout pas en l’espace de deux semaines. Il faut donc que je me protège pour réussir à avancer. Pour ne pas être déçue ou encore plus affaiblie. Pour garder peut-être égoïstement mais bien nécessairement l’énergie que je possède. Aujourd’hui, je gère beaucoup d’angoisses. Celles qui concernent mon entourage bien sûr, mes êtres chers. Et puis forcément celles sur ma santé. Tant que je n’aurais pas vu cette gynécologue spécialiste et repassé une IRM abdomino-pelvienne, je ne connaîtrais pas l’étendue de la maladie. J’ai des tas de questions en tête que je dois gérer. Un changement de pilule suffira-t-il ? Comment mon corps va-t-il gérer ce changement de dosage d’hormones ? Les lésions peuvent-elles reculer ? Devrais-je subir une opération ? Vais-je réussir à retrouver toute mon énergie ? Réussir à reprendre le sport comme je le souhaite ? Vais-je devoir faire attention à mon alimentation et ma santé physique au quotidien en permanence ? Puis-je espérer obtenir quelques périodes de répit, retrouver un peu de mon insouciance ? Pourrais-je avoir un enfant sans trop de complications ? Aurais-je envie un jour d’avoir un enfant en sachant ce qu’il se passe là-dedans ? Et etc… Au final, je me dis que c’est peut-être une bonne chose que ma mère soit pour le moment éloignée de tout ça. Cela la protège. Car on ne gère pas tous les angoisses et les guirlandes de questions de la même façon. Ma mère a souvent tendance à ne pas avoir de filtre avec moi. Concernant mon frère, elle me pose toutes les questions qui lui passent par la tête. Et moi, j’écoute et j’essaie de la rassurer. Je n’ai pas les réponses, j’invente pas mal et j’essaie de relativiser pour deux ! De nous dire que ça va aller. Aujourd’hui, les questions me concernent. Et je pense que je ne saurais pas la rassurer. Alors c’est finalement bien, qu’elle n’en pose pas trop. Je vais d’abord tenter de répondre aux miennes, et puis quand ça ira mieux, quand j’aurais avancé, je lui expliquerai calmement. Au final, je ne vais pas changer de mon fonctionnement habituel. Celui que j’ai depuis mon adolescence. J’ai repris l’écriture, c’est donc bien que je suis en pleine thérapie personnelle. Moi qui me demandais si j’en avais fini avec les claviers torturés… J’ai aujourd’hui la réponse ! Non ma vieille (et c’est peu de le dire en ce moment vu ma santé), ce n’est pas fini, et il y a encore un sacré boulot qui nous attend !