3. Le diagnostic d’endométriose péritonéale.

Mercredi 11 mai 2022, donnez-moi un foutu diagnostic.

Après mon passage aux urgences lundi dernier, vu l’heure, je n’ai pas pu aller chercher le traitement codeiné à la pharmacie. Alors comme je l’avais prédit, le doliprane et le spasfon n’ont pas suffi. Résultat : je n’ai réussi à dormir qu’une heure. Une pauvre petite heure au milieu d’une longue nuit de douleurs ! Alors j’ai cogité, j’ai ruminé, j’ai réfléchi et comme on le fait tous dans ces cas-là, j’ai fouillé sur internet. Allez, avouez, vous aussi ça vous arrive ! L’avantage avec l’errance médicale, c’est que ça fait tellement longtemps que je cherche sur internet, que je ne suis plus catastrophée. Non je ne vais pas mourir demain ! Non je n’ai pas la pire maladie du monde !… Et oui, à force, je sais au fond de moi ce que je cherche. Je suis de plus en plus précise et je me fais presque mon diagnostic toute seule…

En fouillant sur l’endométriose, je suis tombée sur le compte Instagram d’une fille qui a mis des années à mettre cette maladie en lumière. Les médecins ne trouvant jamais, elle a fait appel à un service de télémédecine appelé Deuxième Avis. Alors tout au fond de mon lit, vers trois ou quatre heures du matin, j’ai décidé d’envoyer mon dossier dès le lendemain. Un genre de « Au point où j’en suis… » ou de « De toutes façons je n’ai rien à perdre ». Et en réalité, j’avais tout à y gagner ! J’ai répondu au long questionnaire le mardi, envoyé les images de mon IRM par la poste le mercredi. Elles sont arrivées le vendredi, et j’ai eu un avis médical le lundi. Incroyable ! Une telle réactivité… C’est presque magique.

Durant mon séjour à Séville, de jeudi à lundi, bien sûr, j’ai eu très mal. Je me suis shootée, ibuprofène en journée et codéine le soir. Un cachet toutes les quatre heures. Ne voulant pas passer pour la chiante et aimant autant la bouffe que mes copines, j’ai bu du Tinto de Verano et mangé des croquetas sans réfléchir ! De l’alcool et du gras en veux-tu en voilà ! Transit bloqué et ventre gonflé plus plus, j’ai bien souffert ! J’ai même pleuré, lorsque l’une de mes copines m’a dit « Je ne pensais pas que ça t’impactait autant psychologiquement, on sent que c’est omniprésent et que tu n’arrives pas à passer au-dessus ». Et non, tu as raison mon chat, je n’arrive pas à passer au-dessus. Car je ne sais pas pourquoi j’ai mal ni pourquoi je prends des cachets. Et je déteste ça. Je déteste mon corps de me faire ça et je n’accepte pas. Être aussi mal sans en connaître la raison, ça rend fou. Être prise pour une malade imaginaire, ça rend fou. Et ça m’épuise. J’ai parfois l’impression d’être passée dans une machine à laver en mode essorage. Il n’y a plus une goutte d’eau. Laissez-moi une heure au soleil et je deviens un bout de carton tout sec. Je me suis encore dit que mon entourage ne se rendait pas compte. Et je me suis encore sentie un peu seule.

Et puis lundi, le mail est arrivé vers 14 heures. Je l’ai lu sur le parking du supermarché. « Objet : Le médecin expert a rendu son avis ». J’ai ouvert la pièce jointe, pris une grande inspiration et j’ai lu. Ça a commencé par un rappel des techniques d’imagerie médicales. Pourquoi on ne voit pas tout, tout le temps avec une IRM. Et puis le radiologue ayant analysé mes images m’a indiqué que mon utérus et mes ovaires étaient normaux, qu’ils ne présentaient pas d’endométriose. J’ai senti une petite montagne s’abattre sur moi. C’était pesant et ça m’a coupé le souffle. Si j’avais été croyante je crois qu’à ce moment-là j’aurais prié Dieu pour qu’il stoppe enfin cet enchaînement de non réponse. Cette foutue errance médicale qui a déjà bien trop duré. Et puis j’ai continué à lire. « L’analyse des régions péri utérines et péri ovariennes, montrent une atteinte d’endométriose qui atteint un ligament suspenseur de l’utérus que l’on appelle le ligament utérosacré droit […] Le ligament utérosacré gauche est quant à lui adhérentiel et responsable d’une déviation de votre utérus (latérodéviation gauche), là aussi en faveur d’une atteinte d’endométriose ».

La montagne est partie. J’ai de nouveau respiré, très profondément. Je suis restée assise dans ma voiture une bonne dizaine de minutes. J’ai laissé le soleil me cogner dessus. J’ai relu ce paragraphe, deux fois, trois fois. J’ai lu les conseils du médecin : consulter un gynécologue spécialiste, mettre en place une pilule stoppant les règles et ainsi le développement de la maladie, voir un kiné ou un ostéo gynécologique, adapter le régime alimentaire. Je le savais. PUTAIN MERCI !! Mais je le savais ! Je n’ai pas explosée de joie, non, j’ai simplement libéré mon esprit. Lui qui travaillait tellement depuis de longs mois, je l’ai mis un peu en veille. Comme un bug informatique. J’ai planté. J’ai eu chaud à cause du soleil mais j’ai été incapable de bouger durant un instant, me liquéfiant au soleil. Et après plusieurs minutes, je me suis doucement remise en marche, en mode zombie. Je suis partie m’acheter des fruits, des légumes, de quoi calmer l’inflammation. J’ai mis plus d’une demi-heure à acheter dix pauvres produits. J’ai fait des allers-retours pour rien dans le magasin, oubliant ce que je voulais. Me forçant à me concentrer pour cette simple tâche de faire des courses. En partie soulagée, toujours lessivée, en relâche totale de pression, je suis finalement rentrée m’affaler sur mon canapé.

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