Je suis à Marseille depuis hier soir.
J’ai retrouvé le soleil et avec lui, une certaine motivation pour achever mon voyage. La grisaille et le froid, ce n’était pas franchement aidant,… Depuis hier donc, mon esprit s’illumine, mes idées s’éclaircissent et voilà que j’ai de nouveau envie d’écrire,… Enfin ! Cela faisait plus de 10 jours !

Vous l’aurez donc remarqué, je n’ai pas réussi à publier durant mon séjour italien. J’étais je crois un peu fatiguée et attristée, voire même anxieuse. Et si j’ai passé plusieurs jours à tenter de comprendre pourquoi, j’ai finalement réussi à déceler plusieurs raisons. Aujourd’hui, je sais ce qu’il s’est passé.
D’abord, il y a eu l’effet « post attentats ». Je ne sais pas s’il faut appeler cela comme ça, mais la suite des événements survenus à Paris a provoqué en moi une réaction assez étrange. Je ne savais pas grand-chose de la situation en France ou en Belgique. Enfin je pense surtout que je refusais de savoir. Parce qu’avec internet aujourd’hui, on ne reste pas longtemps ignorant. Par contre on est souvent bien abruti. J’ai consulté quelques réseaux sociaux et journaux en ligne oui, mais j’ai vite arrêté. Je refusais de savoir. Parce que j’étais seule, que je n’avais personne à qui poser mes questions, personne pour chercher du réconfort et personne pour m’accompagner là-dedans. J’étais presque comme une enfant perdue qui ne comprenait rien et à qui il fallait tout expliquer. Papa, Maman, qu’est-ce qu’il se passe ? Alors j’ai préféré passer à côté de tout ça plutôt que de me foutre à pleurer devant des italiens. J’ai eu quelques informations parlant d’alerte extrême, de situation de guerre,… J’ai eu aussi des messages réconfortants et chaleureux. Et puis j’ai tout mélangé et j’ai tout enfoui en moi. En me disant que soit j’aurais un énorme choc en rentrant, soit je prendrais lentement conscience des choses, arriverais à les comprendre et les accepter. J’ai fait ce qu’il me semblait bien pour continuer à profiter de mon aventure. Bon, avec du recul, je ne sais pas si enfermer un tel poids en moi était une bonne chose. Comment pouvais-je ou puis-je avoir les idées claires avec quelque chose d’aussi brouillon là-dedans ? Je dis puis-je car ce ne sont pas les quelques informations du JT (enfin en français) d’hier soir qui m’ont fait réaliser. Il faudra du temps et certainement plusieurs discussions avec mes proches pour que cela se fasse. Je pense que ma réaction a donc été d’ignorer en grande partie, ce qu’il se passait réellement. J’ai emmuré en moi ce mélange d’informations et de sentiments. Et j’en ai fait quelque chose de potentiellement explosif qui ne demande aujourd’hui qu’à sortir. Quelque chose qui potentiellement pourrait me faire pleurer, me faire sentir impuissante ou vulnérable si jamais je lui fais face toute seule. J’ai donc inconsciemment décidé d’attendre de rentrer à la maison pour m’occuper de son cas. Attendre d’être entourée et accompagnée pour m’en libérer.
Cette réaction plus ou moins logique a par la suite entraîné un effet non désiré. Quelque chose qui ressemble à « laissez-moi tranquille » et qui donc ne me ressemble pas beaucoup. J’ai continué à voyager en m’isolant cette fois ci un peu plus que d’habitude. Je n’ai pas passé des heures à refaire le monde avec les gens que je rencontrais, je n’ai pas posé de questions et je n’ai plus eu envie d’expliquer ce que je foutais là. J’étais comme épuisée de toutes ces rencontres et toutes ces découvertes. J’avais besoin de repos, besoin qu’on laisse mon esprit travailler tranquille et se remettre à zéro, prêt à affronter de nouvelles choses. Mes idées étaient trop embrouillées et mon cerveau trop plein. Comme s’il avait petit à petit ingurgité trop d’informations sans prendre le temps de les digérer. Complètement cuité le type,… Je ressentais le besoin de vivre un de ces dimanches où l’on ne fait rien, une de ces journées pluvieuses que l’on passe sur le canapé. Sauf que ce besoin a duré plus d’une semaine. Plutôt compliquée l’histoire !
Par-dessus ça, il y a eu l’effet « l’hiver arrive ». A partir du vendredi 13 et de mon passage en Italie, le temps n’a pas été franchement génial. Grisaille et froid au programme, de quoi renforcer mon envie de rien faire. Et j’ai pris froid bien sûr, je me suis bien enrhumée pour arranger le tout. Alors avec tout ça, j’avais vraiment envie de m’enfoncer sous la couette, de me lever à midi, de passer la journée à lire et écouter de la musique, de boire un thé ou de manger des gâteaux. J’avais envie de sortir bien couverte le soir pour marcher sous les lumières de la ville, dans cette ambiance nocturne que je trouve souvent apaisante. J’avais envie de faire une pause, un simple break de quelques jours. Sauf que je n’étais pas chez moi et que je ne voulais pas m’arrêter. Parce que je trouvais ça bête de passer à côté des villes que je traversais. Mon voyage n’était pas fini, il fallait que je m’accroche encore un peu. Par rapport à mon article de Serbie, je peux vous dire que cette fois ci je suis prête à rentrer ! C’était il y a moins de trois semaines pourtant.
Enfin, je dis prête à rentrer mais lundi et mardi, j’étais quand même bien anxieuse, perdue au milieu de toutes ces contradictions. C’est bien le mot qui définit mon état d’esprit des derniers jours. Contradictions. J’ai envie et besoin de rentrer voir mon entourage et j’aimerais en même temps rester tranquille. J’ai envie de m’informer mais j’ai franchement du mal à tout digérer. Je n’ai plus la force de visiter aussi intensément qu’il y a deux mois et j’ai pourtant envie d’aller jusqu’au bout, pour ne rien regretter. Marseille, Grenoble, Lyon, Montpellier, Toulouse,… J’ai envie de voir tout ça ! Alors je fais quoi ?… Et bien je décide d’abord de m’accorder un weekend à Montpellier, avec une copine et sans visite. Demain, je sortirai de ce voyage pour deux jours, le temps de reprendre quelques forces. Le temps de relâcher un peu et de me préparer progressivement à retrouver ma vie française. Et en attendant, je lis du Douglas Kennedy car comme toujours, ça me fait réfléchir et me donne des forces pour écrire. Cela fait trois jours que le soleil est revenu, deux jours que je ne lâche pas mon bouquin, 24h que je suis finalement soulagée d’avoir passé la frontière et 2h que je tape toutes ces bêtises. Et ça va bien mieux tout d’un coup !
Avec tout ça, je ne vous ai même pas parlé de l’Italie, de ses maisons de couleurs, de ses innombrables héritages architecturaux, de ses peintures, de son manque de transports en commun et donc de son bordel motorisé. Je ne vous ai pas parlé de son « aperitivo » quotidien, de ses pâtes et pizzas, de son vin et ses fromages. Allez voici quelques photos.
Venise, là où le temps s’est arrêté. Ou les petits papis regardent passer les touristes un café à la main et où le nombre d’églises m’épuise à l’avance (123 églises pour 118 îles,…). Une ville décor à l’ambiance mystique. Bon mon état d’esprit et le ciel gris n’ont peut-être pas aidé,…

Bologne, l’université la plus ancienne du monde occidental, les quelques aménagements largement investis par les 100 000 étudiants de la ville, la tour pas droite, les façades en briques rouges lui donnant le surnom de « La Rossa ». Et l’impression que tout le centre est imposant et « vieux ». Et les trottoirs toujours sous les arcades,…
Vérone, Roméo et Juliette, là où des bâtiments de la période antique, de la période médiévale et de la Renaissance ont été très bien préservés. Où les espaces piétons sont nombreux, modernes et agréables. Où la ville semble petite, mignonne et attirante. Où aucune ancienne maison n’est à la même hauteur. J’ai sincèrement apprécié, une ville où il fait bon vivre.
Le Lac de Garda, plus grand lac d’Italie, bordé de petits villages certainement très agréables en période estivale.
Milan, la ville du luxe et de la mode. Ici, pas de centre piéton mais une multitude de petites zones non connectées entre elles. Une première appréhension pas franchement super. La ville semblait grosse, imposante, parfois stressante. Heureusement, différents espaces sortent du lot. Le Duomo et les Galeries sont splendides bien sûr. Le château et le parc Sempione sont plus qu’agréables, on y respire, on écoute la musique de rue et on rigole des italiennes s’essayant au jogging. Le quartier de Navigli et les bords des canaux sont apaisants et reposants, parfait pour flâner. Le quartier Brera, en plein centre-ville, est étonnement silencieux. Milan donc, c’est décousu mais pas si catastrophique.
Et enfin Gênes. Le plaisir de retrouver une ville portuaire et une ville posée sur des collines, avec donc beaucoup de points de vue. Les rues les plus étroites que j’ai pu rencontrer et le nombre de scooters le plus impressionnant. Les bâtiments accolés aux collines, où l’on rentre à la fois par la porte du bas et par une passerelle débouchant sur le toit. Le changement de décor et d\’époque progressif, peu agressif. Et les quais : habitats, boutiques, office de tourisme, cinémas, musées, bibliothèque, restaurants, promenade, jeux pour enfants, bateaux de pêche et pécheurs réparant leurs filets, bateaux de plaisance, de croisière, de commerce, grues portuaires,… On y trouve tellement de choses ! Le seul problème, la route passant juste au-dessus cachant en grande partie la vue sur les jolies façades de la ville.
Et donc voilà, je n’ai plus qu’à vous souhaiter une douce soirée.
Portez-vous bien,
Fanny