
Allez j’essaie d’écrire un peu.
Je n’ai pas vraiment la tête à ça depuis trois jours. Depuis cette soirée du vendredi 13 novembre 2015. Enfin disons que je ne sais pas vraiment par où commencer. C’est parfois un peu dur de continuer mon chemin alors que tous les journaux italiens affichent malheureusement de l’actualité française. Je me retrouve toute seule ici à ne rien comprendre et c’est franchement bizarre. Je suis loin de tout ça et dois pourtant y faire face comme une grande… J’aurais parfois tendance à vouloir m’arrêter, le temps lire et relire des articles français. Le temps de regarder plus attentivement les actualités et de laisser cet énorme sentiment de tristesse s’installer. Mais non. Depuis hier soir, la joie de vivre des italiennes chez qui je dors me réconforte plus que tout. Il ne faut pas que je m’arrête, bien au contraire. Je prends juste assez d’informations pour me tenir au courant et je continue ma route. Je ne vais pas me laisser abattre. Et je ne vais pas avoir peur ou faire plus attention comme on a pu me le conseiller. Attention à quoi ? Je voyage toute seule depuis deux mois et je prends déjà toutes mes précautions pour que ce voyage se passe dans les meilleures conditions. Je suis assez prudente, juste ce qu’il faut pour réussir à profiter et à vivre au maximum cette aventure. Alors franchement, à quoi devrais-je faire attention ? Manger en terrasse ou aller voir un concert ne font pas partie des choses auxquelles je renoncerai, juste parce que potentiellement un extrémiste pourrait venir me faire sauter la tête. Il est clairement hors de question que je commence à vivre dans la peur ou la terreur et que je passe finalement à côté de ma vie. Non, je vais profiter à 100% comme nous devons tous le faire. Et je vais continuer à croire en l’être humain. Je sais que ça ne guérira pas l’esprit de ces fanatiques et que ça ne leur rendra pas leur humanité mais au moins, ça ne les satisfera pas. Je me suis plusieurs fois demandé ce que personnellement je pouvais faire contre ce problème de radicalisation. Je n’ai bien sûr pas trouvé de solution. Mais en attendant que quelqu’un en trouve, et je suis sure que ça arrivera, ce que je me dois de faire, c’est vivre ! Et vous aussi.
Alors on se ressaisit, et on continue !

La semaine dernière, j’ai visité Zagreb et Ljubljana, les capitales croate et slovène. Deux villes de 700 000 habitants pour la première et 280 000 pour la seconde. Deux villes dont la densité dépasse à peine les 1000 hbts/km². Deux villes à l’histoire beaucoup plus calme que Belgrade ou Bratislava, fortement influencées par les cultures autrichienne, germanique et slave. Deux villes touristiques au centre historique très bien conservé et au développement progressif et logique. Deux villes calmes, paisibles et agréables. Et avec ce grand ciel bleu et ces superbes couchers de soleil, c’était vraiment jouissif.
A Zagreb, le centre historique et ses petites rues posées sur une colline offrent un merveilleux cadre pour boire une bière en terrasse et profiter de la vue. On en fait rapidement le tour mais c’est quand même super mignon ! Et on retrouve tous les soirs le même papi qui regarde sur sa montre à quelle heure précisément le soleil se fait la malle. Il a bien raison de se taper un coucher de soleil par soir ce monsieur !
Plus bas, la ville s’est fortement développée aux 17ème et 18ème siècles : vastes axes rectilignes, grands espaces, palais et églises. Tout est aéré et coloré alors forcément, on apprécie. Les bâtiments de services publics sont apparus après le tremblement de terre de 1880 engendrant reconstruction et modernisation de la ville. Les blocs communistes et les énormes sièges sociaux d’entreprises sont assez rares. Les espaces publics sont vastes et entretenus et on commence à ressentir l’influence de la vie méditerranéenne. Les croates aiment la bonne bouffe et les petits plaisirs de la vie et font attention à leur fringues. Je sens que je me rapproche de la maison !
Avec trois nuits dans cette ville, j’ai également pris le temps d’aller visiter le nouveau Zagreb. Le quartier est un peu isolé du reste de la ville à cause de la zone tampon constituée par le fleuve et ses abords mais ici aussi, la tranquillité m’a séduite. On y trouve de nombreux aménagements publics (jeux pour enfants, lacs artificiels, tables de pique-nique et barbecues, promenades, terrains de sports, boulodrome…) et un bon nombre de services. Bon ça reste du coup un quartier idéal pour les petits vieux avec des chiens ou pour les familles avec jeunes enfants ! Pour les ados, pas grand-chose à faire si ce n’est aller traîner au centre commercial du coin… Mais enfin, y’a pire comme banlieue !
A Ljubljana, l’organisation de la ville est quasiment similaire. Le centre historique est posé en bas du château, aujourd’hui quartier de petites boutiques, bars et restaurants ; exactement comme dans la capitale croate. Ici aussi les petits vieux vont au marché avant de boire un coup en terrasse et de monter au château promener leurs chiens et admirer la vue. Ici aussi le reste du centre-ville est constitué d’axes rectilignes, de vastes espaces et de superbes bâtiments de styles baroques ou art nouveau. La présence du château à moitié visible dans le brouillard du matin rajoute un côté mystique à la ville. On l’aperçoit souvent au détour d’une rue et c’est finalement assez rassurant. Car ici aussi la tranquillité règne ! Pas de voiture, juste le son de l’accordéoniste installé au coin de la rue ou de l’école de musique qui profite à grandes fenêtres ouvertes de cette douceur automnale. Et le plus par rapport à Zagreb : la présence de l’eau. À Ljubljana les quais sont totalement aménagés, que ce soit en simple promenade ou en parvis. Verdure, rapport à l’eau, nombreuses fenêtres et mobilité douce, on l’a vu à Amsterdam, ça marche plutôt bien. Et en parlant de mobilité douce, les papis slovènes n’ont pas que les minibus électriques dans cette ville, ils ont également des mobylettes électriques qui ne font aucun bruit,… Ils me font bien rire !
A l’extérieur du centre-ville, les bâtiments hauts sont assez rares et bien insérés dans le paysage urbain. Les espaces publics sont toujours aussi nombreux, aménagés (nombreux jeux pour enfants) et investis (terrasses absolument partout). La présence des bâtiments modernes et pour le coup agréable.
Vendredi, je débarquai en Italie et samedi, je visitais Venise. Dur dur de sourire en ce lendemain de tragédie,… Le temps semblait s\’être arrêté au-dessus des gondoles, rajoutant une impression d’irréel aux derniers événements. Comment cela était-il possible ?…
Mais enfin vous voyez, j’ai quand même réussi à me ressaisir et à partager avec vous mes dernières découvertes. Je reviens vite vous parler de l’Italie, de Venise, Mantova, ou Bologne.
De votre côté surtout, vivez à fond !
Fanny
