12.10.2015 – En direct de Liepzig, Allemagne – Retour sur 12 jours entre Lille et Berlin.

Bonjour tout le monde !

Cela fait douze jours que je ne vous ai pas donné de nouvelles. Et pour cause, cela fait douze jours que je découvre des tas de choses ! Les journées passent plutôt vite lorsqu’on voyage, il m’est donc très difficile de trouver un endroit calme et du temps pour écrire.

Mais enfin, me voilà donc à Leipzig.

Je prends le temps de trier mes photos et de mettre mes notes à jour. Depuis la dernière fois, il y a eu Lille, Bruges, Amsterdam, Hanovre, Berlin et désormais Leipzig. Ça en fait des choses à voir. Et j’en aurais de choses à dire… Les idées fusent dans ma tête et je râle bien souvent de ne pas avoir le temps de noter tout ça. J’aimerais vous parler d’aménagement bien sûr et surtout d’espaces publics. Vous parler de places, de terrasses, de rues, de quais, de parcs, de jardins et j’en passe. J’aimerais partager au fur et à mesure certaines remarques que j’ai pu avoir concernant la taille de ces espaces publics, leur entretien et leur gestion, leurs occupations par les populations, leurs histoires, leurs aspects et les sensations qu’on y ressent. J’aimerais aussi vous parler de transports, la grosse thématique abordée à Amsterdam. Vous parler du lien qu’on a pu faire entre accès à la mobilité et niveau de vie. J’aimerais avoir le temps de réfléchir plus profondément sur la question de la participation citoyenne et des rôles plus ou moins importants des pouvoirs public et des populations. Moins sérieusement, j’aimerais aborder certains sujets qui nous plaisent toujours à nous français et qui ont bien occupé nos journées avec Julien : ceux de la bouffe et de la mode. A ce niveau-là, je crois qu’en Allemagne, il y a de quoi rire ! Et puis j’aimerais aussi partager certaines réflexions que nous avons pu avoir lors de nos longues discussions de soirées. Ces réflexions que nous sommes je crois nombreux à avoir concernant la place que nous accordons au travail dans nos vies, la définition que nous faisons du bonheur ou encore la peur de l’ennui qui nous anime sans cesse. J’aimerais avoir le temps d’écrire tout ça et de le partager avec vous mais comme toujours, c’est assez difficile de se lancer. Alors après douze jours de vadrouille, je crois que je vais déjà faire le point sur les questions d’aménagement et d’urbanisme. Le reste viendra sûrement par la suite.

Pour résumer, en termes d’urbanisme, il y a eu du beau et du moins beau ! (Vachement profond comme réflexion !) Non sans rire, il a eu des villes plus ou moins vivantes et plus ou moins modernes. Il y a d’abord eu Lille et ses innombrables travaux. Mon dieu ce que c’était bruyant ! Sa mosaïque de quartiers tous différents les uns des autres et donc ses ambiances multiples. Lille n’a pas été construite autour d’un seul centre, de nombreux quartiers ont été annexés au 19ème siècle et cela se ressent directement. Pour être honnête, je n’ai pas été convaincue à 100%. Le centre est un mélange de bâtiments historiques splendides et de vastes magasins franchisés, une drôle d’ambiance en découle, pas forcément chaleureuse. Le Vieux Lille a été restauré et investi de petits boutiques, cafés et restaurants, on y flâne sans souci ! Le quartier de la Mairie lui manque clairement de vie alors que Wazemmes, un des quartiers les plus populaires, en déborde !

Plus localement, certains espaces tels que le parc de la citadelle sont clairement sous exploités et mal entretenus / gérés alors que d’autres espaces beaucoup plus neufs tels que le Quai du Wault sont beaux mais manquent un peu d’animation.

Tour d'Europe 2015 - Quai du Wault Lille

Ensuite il y a eu Bruges et son centre-ville uniquement touristique, même pas drôle ! Si l’on enlève les touristes, les rues sont quasiment désertiques (sauf dans la rue commerçante, par ailleurs très franchisée). Et si la présence de l’eau, lorsqu’elle est exploitée joue un rôle apaisant, là c’est presque trop ! À voir seulement le centre historique, on se demande si des gens vivent réellement dans cette ville de plus de 117 000 habitants… C’est beau mais c’est tout !

Il y a aussi eu Amsterdam, ses millions de vélos, ses canaux, ses architectures splendides et ses minis espaces publics fort agréables. La ville regroupe 800 000 habitants et il suffit d’entrevoir le nombre incalculable de vélos pour le comprendre ! Il y en a absolument partout et de tous types ! On a même vu un vélo pouvant supporter trois gosses ! Mais qui monte sur un vélo avec trois enfants sans rire ? C’est dingue ! Les pistes cyclables sont présentes partout et le parking à vélos de la gare est tout simplement immense. Un parking pour vélos à étage, en France, ça n’existe pas ! Et donc bien sûr, nous en avons loué. Et je dois avouer qu’une visite de la ville en vélo, sur un espace aussi plat qu’Amsterdam et sous un joli soleil, même si c’est parfois dangereux, c’est vraiment agréable ! Et je dis dangereux pour nous qui ne sommes pas habitués. Car pour eux il n’y a aucun souci. Entre les voitures (et oui il y en a quand même toujours dans le centre-ville…), les tramways, les piétons et les cyclistes, ça vous fait rapidement un joyeux bordel. Mais ça passe toujours ! Apparemment chacun sait ce qu’il a à faire et où il doit passer. Et c’est fou comme les hollandais sont respectueux et détendus en cas de problème ! En France, les insultes auraient déjà résonné, en Italie je n’en parle même pas…

Bon je vous passe le reste des détails concernant les différents modes de transports présents à Amsterdam mais sachez tout de même que si vous souhaitez étudier cette thématique et approfondir la question de l’accès à la mobilité, Amsterdam est l’endroit où aller par excellence. Nous on a même réussi à mettre en parallèle accès à la mobilité et niveau de vie. Mais enfin, ça ne vous intéresse pas tant que ça si ?

Niveau architectural, je ne sais pas si c’est l’effet briquettes, les vitres omniprésentes ou le peu de hauteur qui fait ça – sûrement un mélange du tout, agrémenté de verdure et d’un fort rapport à l’eau le long des canaux – mais mon dieu que c’est mignon ! Les seuls bâtiments relativement hauts se situent le long du port où grâce à la large présence de l’eau, on n’y ressent aucune oppression. Le long des canaux, les espaces sont très contraints et pourtant hyper investis par la population. C’est assez paradoxal mais c’est certainement dû à l’effet de dispersion. Plus les rues sont petites, moins on y voit le monde. Les cafés, boutiques, restaurants pullulent partout, on s’y sent bien et on n’a l’impression de ne jamais en avoir fait le tour. Les espaces publics les plus larges représentent donc beaucoup moins d’intérêt. Quant aux grands ensembles construits pour répondre à un souci de surpopulation, bien qu’ils soient assez énormes, ils s’insèrent eux aussi extrêmement bien dans le décor. Pour résumer, lorsque l’on trouve le bon équilibre entre briques, vitres, verdure et eau, on peut obtenir de très jolies choses.

Tour d'Europe 2015 - Grachtengordel Amsterdam Pays-Bas
Grachtengordel – Amsterdam – Octobre 2015

Centre Amsterdam

Quartier des Westelijke Eilanden

Quartiers Grachtengordel et Jordaan

Après Amsterdam, il y a eu l’Allemagne. Et pour commencer avec l’Allemagne, il y a eu Hanovre. Mauvaise idée ! Enfin, au moins, on apprécie le reste du pays. Car à Hanovre il y a : des milliers de grosses voitures allemandes (moi je m’en fous, je roule en Renault Twingo) des architectures bien moches (soyons honnêtes), des vieux en chaussures de montagnes et K-way et,… Et bien rien d’autre. La ville a été totalement détruite lors de la seconde guerre mondiale (il reste à peine deux rues mignonnes) et donc reconstruite dans les années 60, 70. A l’époque, c’était génial d’avoir une voiture donc ils ont clairement foutu des 2 x 3 voies partout. La ville est complètement explosée à cause de ces espèces de voies rapides et donc franchement pas agréable. Et si l’on ajoute à cela l’absence totale d’intérêt pour la mode qu’on peut souvent reconnaître aux allemands (chaussettes et nus pieds, chaussures de montagne ou K-way en toutes saisons) on se demande si la ville n’est pas restée figée dans les années 90… D’autant plus qu’ici, ils restent tous chez eux en dehors du travail. C’est donc ça l’Allemagne ?

Fort heureusement, pour contrebalancer Hanovre, il y a eu Berlin. Et que dire de Berlin… Pour commencer, je crois que cette ville est beaucoup trop grande pour moi ! 3,5 millions d’habitants ça commence à faire ! Ce qui m’a d’abord dérangé, c’est le développement décentralisé de la ville, l’aspect décousu des choses. De nombreux quartiers correspondent à d’anciennes communes annexées dans les années 20, il n’y a donc pas un centre mais plusieurs. Ma logique ne doit pas être habituée à cela, j’en étais presque perdue. Ensuite, on a souvent ressenti la différence entre l’ancien Berlin ouest (de grosses artères et de grosses enseignes) et l’ancien Berlin Est (imposants bâtiments en briques et pierres). La différence n’est pas dérangeante mais elle s’ajoute bien sûr au manque d’unité qui me perturbait déjà à l’origine. Ensuite, les lieux forts en histoire regorgent aujourd’hui de touristes. Ce n’est pas que je ne les aime pas mais on est d’accord, l’ambiance est forcément différente lorsqu’un bus de chinois vous suit. Le « nouveau » Berlin lui, ne m’a pas non plus convaincue. Potsdamer Platz correspond à un ancien no man’s land divisé en quatre parcelles dans les années 90, vendues sans trop de contraintes à différents promoteurs immobiliers. On sent que les architectes se sont fait plaisir. Les bâtiments sont gigantesques mais les espaces publics eux, apparaissent neutres et sans histoire. Dans le quartier du Gouvernement, les bâtiments historiques et modernes se marient assez bien. Le quartier est également intéressant en termes d’architecture mais pas franchement en termes d’espaces publics. Ici aussi, au milieu des touristes, les berlinois se font rares.

Tour d'Europe 2015 - Porte de Brandebourg Berlin Allemagne
Porte de Brandebourg – Berlin – Octobre 2015

Mon intérêt s’est donc petit à petit porté sur les espaces réellement occupés par les riverains. Car finalement, les lieux touristiques, c’est pas franchement mon truc ! Les quartiers de Neukölln, Friedrichschain et Kreusberg m’ont donc beaucoup plus parlé. On sent ici la vraie vie berlinoise, les minis cafés et restaurants, les petites boutiques, les marchés où l’on sort déjeuner le weekend, les espaces semblant peu entretenus par la ville mais largement investis par les populations. Je me suis ici posé une grosse question : quel est finalement le rôle des pouvoirs publics en termes d’aménagement et de gestion des espaces publics ? Est-il légitimement plus important que celui des populations qui occupent réellement ces espaces ? A Berlin, de nombreux espaces semblent délaissés par la municipalité (absence d’entretien ou de rénovation), et pourtant, les berlinois arrivent à en investir la plupart. Certains endroits semblent avoir été désertés puis réoccupés. Les mauvaises herbes et la végétation invasive donne un aspect relativement mort au bâti et pourtant la vie y est plus que dynamique. En somme, faut-il nécessairement tout maîtriser afin de procurer un cadre de vie agréable à ses riverains ? Je me demande si de tels phénomènes seraient possibles en France. Nous sommes finalement peut être un peu trop bien ordonnés,… Et je comprends petit à petit qu’il ne suffit pas d’aménager entièrement un espace public pour qu’il soit directement utilisé par les populations. Le « neuf » peut parfois déplaire surtout lorsqu’il est intégral. Le manque d’histoire et de vécu d’un espace est bien souvent dérangeant. Il faudrait donc un juste milieu entre aménagement et investissement naturel des populations pour qu’un espace puisse se développer sans que l’on en perde son utilité.

Une dernière chose à propos de Berlin et du rôle incontestable des berlinois dans la gestion et l’utilisation des espaces publics : en 2008, l’ancien aéroport de Tempelhof a été fermé pour cause d’un trafic trop faible et d’une sécurité pas franchement démontrée (les habitations étaient trop proches). Sous l’impulsion des berlinois qui se présentaient toujours plus nombreux aux portes de cet immense terrain, l’aéroport a été ouvert au public en 2010. Aujourd’hui et sans qu’aucun aménagement n’y ait été effectué, les gens font du sport, pique-niquent, font du cerf-volant ou se baladent simplement. Quelques minuscules cafés s’y sont installés ainsi qu’un mini-golf. A voir de quoi les berlinois sont capables, il est fort probable qu’aucune autorisation n’ait été délivrée avant leur installation. L’avenir de cet espace n’a pas encore été défini, de nombreux projets sont à l’étude mais je crois que quel que soit la décision finale, elle sera bien difficile à prendre pour la municipalité.

Tour d'Europe 2015 - Tempelhof Berlin Allemagne
Tempelhof – Berlin – Octobre 2015

Pour continuer avec l’Allemagne, je suis actuellement à Leipzig. J’ai donc rattrapé mon retard niveau compte rendus. Et comme je compte bien approfondir mon exploration de la ville demain, je ne vais pas non plus prendre de l’avance ! Vous serez donc patient et attendrez bien sagement la prochaine publication !

A très vite ! Fanny

Articles similaires