TOUR D’EUROPE EN TWINGO : Les prémisses d’un voyage.

Le 9 février 2015, après plusieurs mois de réflexion concernant mon avenir, voilà ce que j’écrivais :

Cela fait quelques temps que les questions se multiplient dans ma tête. Mes idées s’embrouillent chaque jour un peu plus et j’ai du mal à prendre des décisions. À prendre MES décisions, celles qui concernent mon avenir. Je ne sais pas ce que je vais faire ni ce que je veux faire. Et c’est bien ça le pire. Je pense que je suis tiraillée entre ce qu’on voudrait que je fasse et ce que ma conscience me dicte. Enfin ce qu’elle essaie de me dicter car pour le coup, elle semble bien perdue. Mon cerveau est un véritable yoyo oscillant entre Oui et Non en permanence. Dès que je pense avoir progressé dans mes idées et que je suis à deux doigts de faire un choix, une nouvelle donnée arrive et perturbe tout mon système cérébral. Impossible de faire un seul projet ou de me fixer un seul objectif. Et c’est une situation assez compliquée pour moi. Car si on réfléchit bien, j’ai toujours avancé selon une liste d’objectifs bien ordonnée. Bac, université, voyage en Nouvelle Zélande, licence, master,… Un peu de petits boulots par ci par là histoire de bien remplir le calendrier de ma vie. Et puis… Et puis là d’un coup, plus rien. Le néant total. J’ai tellement de choix devant moi que j’en reste interdite. C’est un peu comme si je calais devant le plus gros carrefour de ma vie. La panne sèche. Tout est possible et voilà que j’en ai le vertige ! Que faire ? Où aller ? Comment y arriver ? Depuis quelques mois, des dizaines d’idées ont traversé mon esprit. Certaines sont passées en coup de vent, d’autres se planquent dans un petit coin de ma tête en attendant que leur heure sonne. En attendant que je réussisse enfin à faire un nouveau projet. Car je n’ai jamais avancé que comme cela. Je n’ai jamais qu’appliqué les principes de gestion de projet à ma propre vie. Diagnostic, définition de besoins et d’objectifs à atteindre, élaboration de plans d’actions, mise en œuvre, atteinte de l’objectif. Et on recommence. On refait un projet. C’est donc ce qu’il faut que je fasse aujourd’hui. Je le sais. Il me faut quelque chose à faire. Il faut que je réussisse à prendre une décision car sans cela, je ne peux pas avancer.

Le problème, c’est que je n’arrive pas à faire de trop long projet. Je n’arrive pas à définir ce à quoi je veux que toute ma vie ressemble. Et j’ai parfois l’impression que c’est ce qu’il faut que je fasse aujourd’hui, à la sortie de mes études. Là tout de suite, il faudrait que je décide de ma vie. J’en ai quelques idées bien sûr, mais de là à tout planifier… Quel boulot ? Quelle maison ? Quel endroit ?… Non là ça devient bien trop dur. On me parle de CDI, de « vrai » boulot, de maison, d’installation,… Moi, il me faut du plus court. Il me faut des échéances plus proches. C’est peut-être pour ça que je n’arrive pas à me projeter dans les boulots de plus de 6 mois ou un an… Je reste figée devant les annonces de jobs sans réussir à savoir si cela me plairait ou pas. Un boulot est un boulot me dirait-on, il en faut un. Oui, je suis bien d’accord sur le fond, je ne pourrai pas vivre sans rien faire. Mais faut-il pour autant tout accepter ? Dois-je par exemple aller m’enfoncer dans le nord pour y faire du développement territorial qui n’a peut-être rien à voir avec la gestion et l’aménagement des espaces ?

Finalement, mon réel problème, c’est que je ne suis pas complètement satisfaite de mes études. Je me sens incomplète ou inachevée. Il y a tellement de choses intéressantes et il y aurait tellement à apprendre… Alors aujourd’hui, je ne sais pas à quoi mes études m’ont permis d\’accéder. Je n’ai pas réellement de spécialité. D’accord, je n’en voulais pas. Mais il n’empêche que je ne suis pas boulangère, infirmière ou institutrice. J’ai été formée en écologie humaine et ça, ça reste très vaste. Je suis capable d’étudier nos modes de vie, nos manières de produire et de consommer, et je peux œuvrer en faveur de conditions de vie meilleure. Une vie en harmonie avec nos enjeux actuels et futurs, qu’ils soient sociaux, économiques ou environnementaux. Je m’estime moi-même, lorsque je regarde les contraintes auxquelles je dois faire face, relativement chanceuse. J’ai toujours vécu dans un endroit sain, je n’ai jamais manqué de rien, j’ai été entourée et aimée, j’ai toujours eu le temps de faire les choses, de profiter au quotidien, je n’ai pratiquement pas subi jusqu’à présent de bouchons, de pollution, et etc… J’ai pu m’épanouir sereinement tout en restant en bonne santé. J’ai eu accès à de nombreux loisirs, à de multiples formations,… En somme, j’ai eu jusqu’à présent une vie heureuse. Je voudrais que les gens autour de moi connaissent le même bonheur. Et je sais qu’en termes d’amélioration des conditions de vie, il y a de quoi faire. Habitat, transports, santé, loisirs, nourriture,… les thématiques sont multiples. Ce qui me ramène donc à ce problème de taille : je n’ai pas réellement de spécialité. Du moins pas sur le papier. Je me rends compte que je me suis spécialisée en aménagement et gestion des espaces à travers mes stages mais que ma formation en Ecologie Humaine est bien plus vaste que cela. Mon positionnement est donc parfois difficile à défendre devant un employeur. Je m’embrouille car je suis capable de faire bien des choses. Je suis capable de répondre à de nombreuses annonces, ça oui. Mais cette obsession des recherches de travail et cette pression sociétale m’empêchent parfois de réfléchir. Il faut bosser, il faut bosser… Mais en fait, qu’est-ce qui me plaît réellement au milieu de tout ce bazar moi ?

Bien sûr, j’ai déjà pensé à reprendre mes études. J’ai un peu étudié l’idée d’une formation en aménagement et gestion de projet urbains. Une spécialisation qui me permettrait potentiellement de trouver un boulot plus rapidement. Je dis bien potentiellement, car j’ai récemment rencontré de jeunes diplômés en urbanisme, ils semblent eux aussi bien galérer sur le marché de l’emploi. C’est quand même fou cette société… Alors finalement, je me suis dit qu’il fallait d’abord que j’essaie de travailler, que je trouverai peut-être un poste me convenant sans reprise d’études et que sinon, cela restait une possibilité plus tardive d’évolution.

En repensant à mon parcours, j’ai également effleuré l’idée d’une formation en tourisme alternatif. Je ne sais pas si cela existe mais je sais que le tourisme m’intéresse assez. Il y a selon moi deux façons de participer à l’amélioration des conditions de vie des gens : en aménageant de façon à répondre à leurs besoins / en leur permettant de faire évoluer leurs modes de vie. La manière dont chacun utilise ce qui est à sa disposition est une chose très importante. On parle souvent de changement de mentalité et d’habitudes en développement durable. Les modes de vie sont en effet très importants dans la compréhension de ce que nous devons faire, ce que nous devons changer. La plupart d’entre nous peuvent améliorer leurs conditions de vie en seulement quelques petits efforts. Manger local et bio, consommer moins d’énergie, covoiturer, recycler,… Toutes ces actions ont des retombées positives sur nos vies et celles de nos successeurs. Seulement en ce qui me concerne, j’ai vraiment du mal à dicter aux gens ce qu’ils doivent faire. Je n’aime pas les discours moralisateurs et je suis assez nulle lorsqu’il s’agit de défendre un point de vue complètement opposé à celui de mon interlocuteur. Alors de là à motiver les gens pour faire évoluer leurs habitudes… Ce doit être pour ça que je suis plus à l’aise en aménagement. Il y a bien moins de confrontation. Quant à ce qui m’attire dans le tourisme, je dirais que c’est le contact humain et surtout sa facilité. J’aime rencontrer, échanger, faire découvrir,… J’aime partager ce qui me rend heureuse. J’aime rendre service et participer au bonheur de chacun. Et je trouve les gens plus épanouis et ouverts lorsqu’ils sont en vacances et qu’ils voyagent. Ils sont plus réceptifs et il est souvent plus facile de sensibiliser les gens sans avoir à rentrer dans leur intimité. Alors le tourisme vert ou alternatif,… Pourquoi pas ?

En repensant à cette attirance pour le tourisme, je me suis dit il y a tout juste quelques jours que je pourrais refaire la saison au village vacances de Sabres, chez moi. De là, je suis passée à l’improviste voir mon ancienne directrice qui m’a proposé de me reprendre et ce, dès le mois d’avril. La perspective de mettre des sous de côtés en travaillant dans mon village m’est alors apparue très alléchante. Voilà donc un boulot plutôt tranquille jusqu’à la fin de l’été…

Et c’est là que les choses se compliquent ! Car faire la saison conditionne pas mal mes recherches de « vrai » boulot (comme j’ai du mal avec cette expression…). On a beau me dire que je peux démissionner à tout moment, je n’ai pas vraiment envie de laisser des gens que j’apprécie dans l’embarras. Passer l’été au village vacances me plairait bien. Il suffit que je trouve une solution pas trop chère pour me loger. Être rentré au bercail à 23 ans et après autant de temps passé en internat ou en appartement, c’est parfois difficile. Sauf que prendre un appart, ça coûte cher… Et on en arrive au dernier point non négligeable : mettre des sous de côté m’ouvre tout d’un coup de nouvelles portes restées entrouvertes dans ma petite cervelle, celles des voyages. Et à ce niveau-là, ce ne sont pas les idées qui manquent !!

Depuis quelque temps, je rêve de faire un tour d’Europe. Et je commence à pas mal y réfléchir. J’ai récemment écarté l’idée de le faire seulement avec un sac à dos, je pense que les transports me coûteraient trop cher. Alors en twingo ? Ce qui est bien, c’est que je pourrai promener mes affaires sereinement. Pour dormir, j’ai pensé faire du coachsurfing. C’est gratuit et enrichissant, cela me permettrait de rencontrer de nombreuses personnes. Donc finalement combien ça me coûterait en twingo ? L’idée me fait sourire, partir avec ma petite voiture à travers champs. Il faut vraiment que je budgétise et que j’essaie de planifier ça. Je pourrais peut-être aller jusqu’à Istanbul et revenir. Quelques 9000 ou 10000 bornes…

Alors voilà, je savais bien qu’écrire me permettrait de mettre mes idées au clair. Et je me doutais que ça n’allait pas enterrer mes envies d’aventure. Bien au contraire, les voilà multipliées. Enfin bon, il faut que je travaille ce projet et que je vois s’il est viable. Le plus important, c’est de ne pas avoir de regrets. On a beau me dire que tout sera possible plus tard, moi j’ai peur que non. On ne sait jamais ce que la vie nous réserve. Alors si ce projet est faisable, vous pouvez être sûr que j’irai jusqu’au bout. Conclusion, j’ai de quoi faire. Et rien à voir avec les sites de recherches d’emploi… Je crois que j’ai fini par faire mes choix. Une petite voix résonne encore parfois dans ma tête, elle me parle de cotisations pour la retraite. C’est vrai qu’ils ont commencé tôt, nos parents. Mais je pense que notre génération est bien différente de la leur. Nos formations sont bien plus variées, nos libertés plus grandes. Les parcours tout tracés dans la même entreprise sont de plus en plus rares… Je ne sais même pas si j’aurais une retraite un jour et je trouve ça dur d’y penser dès maintenant. La vie ne se résume pas à la préparation de notre vieillesse. Je crois que si l’on fonctionne comme cela, on passe à côté de beaucoup de choses. Il faut vivre nos expériences et saisir les opportunités lorsqu’elles se présentent. C’est peut-être irresponsable et à l’opposé des principes de nos parents, mais c’est comme cela que je compte remplir ma vie. Et c’est comme cela que je compte être heureuse. Je veux faire des choses qui me plaisent. Et aujourd’hui, je refuse de chercher du boulot pour chercher du boulot. Car après tout, je n’ai que 23 ans. Et si je réalise aujourd’hui mes projets, cela me fera « me poser » et bosser « dans ma branche » qu’à 25 ans. Et alors ? Y a-t-il un âge maximum pour ça ? Et est-ce même une obligation ? Dois-je absolument m’installer, signer un CDI, emprunter, me marier, faire des gosses,… Pour l’instant ce n’est pas ce que je veux. Ça viendra sûrement, je sais que j’aurais envie d’avoir un vrai chez moi quelque part. Mais j’ai d’autres projets à réaliser avant tout ça. Et comme j’ai bien trop peur d’avoir des regrets, je vais les réaliser. Je sais que ça ne sera pas forcément facile. Mais je sais que j’en serai heureuse. Et si je reprends mon parcours professionnel après ça, je n’en serai que plus sereine et déterminée. Car ma « pause » de deux ans m’aura permis de vivre des belles choses et de grandir. Et peut-être qu’alors je me sentirai plus accomplie qu’aujourd’hui.

Alors comme on dit, « Y’a plus qu’à… » !

Tour d'Europe 2015 - Prémisses d'un voyage
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